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Bernard Arnault, que certains connaissent encore sous le nom de « le loup du cachemire » est l’homme le plus riche du monde. En fait, depuis le début de l’année 2023, il a été tantôt premier ou deuxième de ce classement prestigieux selon la valeur des actions de son groupe. En effet, l’homme est à la tête de la plus grande entreprise de luxe qui ait jamais existé. Mais alors, comment Bernard Arnault a-t-il fait fortune, et de combien est-elle exactement ?

La question se pose d’autant plus quand on sait que ses proches le décrivent comme quelqu’un de calme et d’introverti. Pourtant, ce polytechnicien a réussi à s’imposer dans un secteur qui est souvent vu comme le domaine des extravertis. En effet, Bernard Arnault n’a ménagé aucun effort pour ne faire le géant du luxe qu’il est devenu. LVMH contrôle déjà plus de 75 marques de modes et cosmétiques. Nous allons vous parler de la fortune de Bernard Arnault, ainsi que des méthodes qu’il a utilisées pour atteindre le toit du monde.

Bernard Arnault Fortune : Quelle est la richesse du PDG de LVMH ?

Les techniques utilisées pour acquérir et gérer la fortune de Bernard Arnault font qu’il est très difficile de l’estimer avec précision.

D’après le classement Forbes, il est l’homme le plus riche du monde en ce moment avec une fortune estimée à 211 milliards de dollars. De son côté, Bloomberg a estimé que la fortune de Bernard Arnault provenait de sources résumées dans le tableau ci-dessous.

Actifs Contribution à sa valeur nette (en dollars)
Avoirs en cash 11 milliards
Actions Christian Dior SE 157 milliards
Actions LVMH 31 milliards
Autres investissements 591 millions

Les actions détenues

La fortune de Bernard Arnault est donc fortement dépendante des actions de son groupe. On peut alors comprendre pourquoi elle est aussi fluctuante. En plus, l’homme qui est très rusé utilise de nombreux holdings et autres intermédiaires pour dissimuler sa fortune.

Par exemple, Bernard Arnault lui-même possède 97,5 % de l’entreprise Christian Dior SA. Elle-même est propriétaire de 41,4 % du groupe LVMH. Enfin, la famille Arnault serait détentrice de 6,2 % de LVMH.

bernard arnault

Son salaire

Les éléments qui contribuent à évaluer la fortune de Bernard Arnault sont très nombreux. On sait néanmoins que le PDG de LVMH gagne un salaire d’à peu près 9500 € par jour. Au total, en comptant les primes de performances et autres avantages, Bernard Arnault a touché un salaire de 3,47 millions de dollars en 2022.

Les chiffres sont de Wallmine, qui précise également qu’il n’a pas le plus gros salaire de l’entreprise. En effet, Antonio Belloni, directeur général délégué chez LVMH serait à 5,65 millions pour l’année 2022, soit environ 2,18 millions de plus que son PDG.

Les débuts de Bernard Arnault

Bernard Jean Etienne Arnault a vu le jour le 05 mars 1949 à Roubaix de Marie-Josèphe Savinel et Jean Léon Arnault. Sa mère était pianiste et grande fan de la marque Christian Dior. Son père, lui, était dirigeant de Ferret-Savinel, l’entreprise familiale de travaux publics héritée de son beau-père, le père de Marie-Josèphe Savinel. Bernard Arnault fait son secondaire d’abord au Lycée Maxence Van Der Meersch à Roubaix.

Ensuite, il va faire ses classes préparatoires au Lycée Faidherbe de Lille. Malgré le fait qu’il soit déclaré admissible au concours de l’école Polytechnique en 1968, il n’y entrera pas car un bras cassé l’empêche de passer les épreuves physiques. Le jeune Arnault revient l’année suivante et cette fois il intègre Polytechnique, comme l’a fait Elisabeth Borne et beaucoup d’autres politiques et entrpeneurs à succès. Il y étudiera pendant deux ans puisqu’il sort de là en 1971 avec un diplôme d’ingénieur. A l’époque, rien ne laisse penser qu’Arnault deviendra le géant de l’industrie du luxe qu’il est aujourd’hui. En effet, il commence sa carrière professionnelle dans le bâtiment.

Le premier travail de Bernard Arnault

Dès sa sortie de Polytech en 1971, Arnault est embauché comme Directeur de la construction dans l’entreprise familiale. A l’époque, son père était encore à la tête de Ferret-Savinel. Mais il ne faudra pas longtemps avant que le jeune Bernard Arnault soit propulsé à la tête de l’entreprise. Ce fût le cas en 1977. A l’époque, il n’avait que 27 ans, mais déjà il démontre un rare sens de l’initiative.

En effet, dès 1978, il persuade son père de vendre toutes les activités BTP du groupe Ferret-Savinel pour 40 millions de francs. L’objectif était de convertir l’entreprise en une agence de promotion immobilière. C’est ainsi que Férinel, une entreprise qui exerce uniquement dans le secteur de l’immobilier touristique, voit le jour.

Le premier échec de Bernard Arnault

Il est depuis plus de dix ans l’européen le plus riche au monde. Pourtant, il n’a pas toujours eu autant de succès. En fait, l’un de ses plus gros échecs est survenu assez tôt dans sa carrière d’homme d’affaires. En effet, trois ans seulement après la création de sa société immobilière Férinel, Arnault déménage de France et dépose ses valises aux Etats-Unis. On est en 1981 et François Mitterrand, un socialiste vient d’être élu en France, ce qui inquiète Arnault.

Hélas, son séjour aux Etats-Unis ne sera pas non plus une réussite. En effet, il dirige un projet immobilier appelé « The Princess » à Palm Beach en Floride. Malheureusement, le projet est mal pensé puisqu’il est construit tout près du site d’une centrale nucléaire. Déçu par cet échec, il revient en France dès 1984 après avoir fréquenté Donald Trump et goutté à l’échec de l’autre côté de l’atlantique.

Comment Bernard Arnault a pris le contrôle de Christian Dior ?

Bernard Arnault est allé aux Etats-Unis en agneau et en est retourné en loup. Il l’a lui-même dit, malgré le fiasco de son investissement à Palm Beach, il a beaucoup gagné en enseignements. D’ailleurs, il ne tarderait pas à le démontrer dans le cadre de l’affaire Boussac et Christian Dior.

Bernard Arnault prend contrôle de Dior

En effet, dès son retour en France en 1984, il trouve le dossier Boussac sur son bureau. Il y a été déposé par Michel Godé, un ami à lui. Rappelons qu’à l’époque, Boussac est un géant Européen du textile fondé en 1911 en France. Arnault quant à lui, est un modeste promoteur immobilier. Son entreprise d’immobilier touristique Férinel est dirigé par son ami Michel Lefebvre. La technique utilisée par Arnault pour prendre le contrôle du groupe Boussac et plus tard de Christian Dior semble tout droit sorti d’un film hollywoodien.

Tout commence lorsque le gouvernement Fabius demande à Bernard Arnault de reprendre le groupe Boussac qui comprend à l’époque Conforama, le magasin Le Bon Marché, Peaudouce un fabricant de couches et surtout Christian Dior. Une fois de plus, il peut compter sur un ami, Antoine Berheim, très influent auprès de la banque Lazard. Arnault, que ses détracteurs appelleront « Le Terminator » plus tard se débarrassera de Peaudouce et de Conforama pour ne garder que Christian Dior qui était sa cible de départ et Le Bon Marché.

L’amour de sa mère pour les produits Christian Dior a certainement grandement influencé ses décisions. Ce qui est sûr, à la fin d’année 1985, l’homme exerce un contrôle presqu’absolu sur Christian Dior. C’est d’ailleurs un élément de poids dans la fortune de Bernard Arnault.

Comment Bernard Arnault s’est fait de l’argent avec LVMH ?

L’histoire de Louis Vuitton Moët Hennessy ou LVMH rencontre celle de Bernard Arnault en 1987. A l’époque, Louis Vuitton vient juste de fusionner avec Moët Hennessy pour mieux faire face aux difficultés économiques. Suite au Krach boursier de d’octobre 1987, Bernard Arnault achètera des actions de LVMH. L’homme d’affaire tient son entrée dans l’entreprise, mais il n’est pas encore un actionnaire majoritaire. Cela ne tardera pas à arriver.

LVMH

En 1988, Henry Racamier, PDG de Louis Vuitton invite Bernard Arnault à acheter encore plus d’actions LVMH. A l’époque, le groupe a besoin d’argent et Arnault en a. En tout cas, il peut compter sur Antoine Berheim, son ami banquier pour en trouver. C’est ainsi qu’en 1988, Bernard Arnault devient l’un des principaux investisseurs de LVMH avec plus de 25 % des parts.

La prise de contrôle de LVMH

Le loup du cachemire qui a été élevé dans la bourgeoisie, l’harmonie et la discipline était horrifié par les mésententes entre Henry Racamier et Alain Chevalier tous les deux coprésidents du groupe. Il orchestrera alors un coup qui fait encore de lui l’un des hommes d’affaires les plus redoutés d’Europe. Profitant de ce que les coprésidents étaient occupés à se chamailler, il lance une Offre Publique d’Achat ou OPA et obtient plus de parts du groupe. Dès juillet 1988, le loup du Cachemire devient le premier actionnaire de LVMH. Dès janvier 1989, il devient actionnaire majoritaire et est élu Président Directeur Général de LVMH à l’unanimité.

Il gardera cette position jusqu’en avril 2022. Durant plus de 30 ans à la tête du groupe, il va multiplier les coups spectaculaires pour faire de LVMH le géant du luxe que le groupe est devenu. D’ailleurs, 10 ans seulement après sa prise de pouvoir, LVMH multiplie son chiffre d’affaire et ses bénéfices par 5. Dans le même temps, la valeur boursière du groupe est multipliée par 11, ce qui augmente considérablement la fortune de Bernard Arnault.

Christian Dior : Une marque de luxe sans frontières

Lorsqu’il prend la direction de Christian Dior, la division couture de la maison n’était plus que l’ombre d’elle-même. Elle ressemblait plus à une quelconque maison de couture qu’à une maison de luxe. Plutôt que de s’en débarrasser comme le suggéraient certains proches, il choisit de travailler à la développer. Tout d’abord, Arnault crée Christian Dior S.A. qui jouera le rôle de holding pour la division couture. Il injecte ensuite du sans neuf en recrutant des jeunes, y compris des non-Français.

Cette décision horrifie certains grands noms du milieu de la haute couture et du luxe français. Gianfranco Ferré, un designer italien et plus tard John Galliano un britannique sont deux grands noms à qui Arnault offre un contrat de travail.

dior

La rareté est une caractéristique inaltérable du luxe et le loup du Cachemire le sait. Alors il va donc réduire de moitié le nombre de partenaires et boutiques qui disposent d’une licence pour exploiter l’image et les produits Dior. Il y en avait 280 en 1989. 03 ans plus tard, il n’en restera plus que 150. Des licenciements massifs et des recrutements très sélectifs sont d’autres mesures prises par le Terminator pour faire de Christian Dior un leader dans le domaine du luxe.

Maintenant qu’il a redonné à la maison de Dior la place qui devrait être la sienne dans l’industrie mondiale du luxe, Arnault va s’attaquer à ses concurrents. Sa technique est simple : acheter tous ses concurrents qui peuvent apporter quelque chose à son entreprise. Il faut noter que Bernard Arnault n’achète que les meilleurs de chaque domaine.

Aujourd’hui, Christian Dior SA est présent dans six domaines de luxe :

  • La haute couture avec notamment la marque Christian Dior
  • Les vins et spiritueux avec des marques telles que Moet&Chandon
  • La maroquinerie avec Celine, Louis Vuitton Givenchy, etc.
  • Les parfums et cosmétiques avec les produits Christian Dior
  • L’horlogerie et la joaillerie avec notamment TAG Heuer et plusieurs autres marques
  • Distribution sélective avec les marques Le Bon Marche, Sephora, etc.

Acquisition du joaillier américain Tiffany & Co. Par LVMH

De l’avis de plusieurs experts de l’industrie du luxe, cette opération était l’une des plus brillantes menées par le groupe contrôlé par Bernard Arnault. Tiffany & Co est un grand nom de la joaillerie aux Etats-Unis. Bernard Arnault, dans sa logique d’acheter tous ses concurrents potentiels, fait une offre de 16,2 milliards de dollars à Tiffany & Co. C’était en 2019, et la pandémie est venue compliquer la transaction.

Mais en janvier 2021, un communiqué de LVMH annonçait la finalisation de l’acquisition de de Tiffany & Co. Au final, la transaction s’est faite à 15,8 milliards de dollars, soit près de 420 millions de dollars en moins que le prix initialement proposé. Cette somme représente tout de même un record dans l’industrie du luxe.

LVMH ne regrette pas du tout cet investissement ; bien au contraire. En effet, à peine intégré au groupe français, le joaillier américain a battu des records. Déjà en 2021, il a presque triplé les ventes de la division montres & joaillerie de LVMH. Elles sont passées 3,35 milliards d’euros en 2020 à 8,96 milliards en 2021. La même année, elle a enregistré une croissance organique de 40%. Mais le plus impressionnant c’est son résultat opérationnel, qui a bondi à 1,6 milliard, soit près de 200%.

Bernard Arnault lui-même s’est plusieurs fois exprimé sur l’apport important de Tiffany & Co. « le flagship de New York sur la 5e avenue, son premier point de vente au monde qui réalisait plusieurs centaines de millions de chiffre d’affaires, était fermé toute l’année pour cause de travaux. Elle a dépassé largement ses records absolus à la fois en chiffre d’affaires et profitabilité » déclarait-il encore. En 2022, les ventes de la division montres et joailleries étaient de 10,581 milliards d’euros, soit 1,6 milliard en plus qu’en 2021.

Le secret de la réussite de Bernard Arnault

Au cours d’une interview que lui avait accordé la Harvard Business Review en 2001, Bernard Arnault expliquait comment il a réussi à rendre ses entreprises de mode rentables. Il expliquait qu’en plus de la créativité nécessaire à créer de nouveaux produits, il fallait une solide discipline financière. Il révélait qu’il avait mis des équipes au travail pour créer des « marques stars » qui doivent obéir à quatre critères artistiques et financiers exigeants. Elles doivent être « intemporelles, modernes, en croissance rapide et très rentables ».

L’homme d’affaire reconnait qu’une entreprise de luxe doit mettre sur pied des produits hors du commun. Il sait que la conception, la production et le marketing de ces produits requiert d’énormes capitaux. Mais pour autant, il ne se laisse pas aller à des dépenses sans comptes. Aussi, dans ses usines, Arnault demande l’instauration d’une discipline de fer dont le grand public n’est pas forcément au courant. Ses ingénieurs usent des dernières technologies pour planifier la conception et la fabrication du moindre article de luxe. Ainsi, le matériel n’est pas gâché.

Fortune Bernard Arnault : Les chiffres clés de LVMH

Le groupe qui est dirigé par Bernard Arnault depuis plus de 30 ans affiche des chiffres très impressionnants. En attendant ceux de 2023, voici les chiffres clés de LVMH en 2022 :

En millions d’euros  2021  2022 Variation
2022/2021
Ventes 64 215  79 184  + 23 %
Résultat opérationnel courant 17 151  21 055  + 23 %
Résultat net (part du Groupe) 12 036  14 084  + 17 %
Cash flow disponible d’exploitation 13 531  10 113  – 25 %
Dette financière nette 9 607  9 201  – 4 %
Capitaux propres 48 909  56 604  + 16 %

Malgré ces résultats, Bernard Arnault qui n’a rien perdu de son sens de la discipline et de l’anticipation avec les années, déclare :

« Nous abordons l’année 2023 avec confiance mais compte tenu des incertitudes actuelles, nous resterons vigilants et comptons sur la désirabilité de nos Maisons et sur l’agilité de nos équipes pour renforcer encore notre avance sur le marché mondial du luxe et continuer de contribuer au rayonnement de la France à travers le monde. »

Bernard Arnault Fortune : Autres entreprises et investissements

Le loup du Cachemire a passé la plupart de son temps à développer Christian Dior SA et LVMH. Il est surtout intéressé par tout ce qui est luxe. Ce n’est pas étrange que son groupe possède 75 maisons de luxe qui travaillent indépendamment. Cependant, le plus riche des français s’est laissé tenter par d’autres investissements. Ainsi, Bernard Arnault a investi dans Netflix et TikTok à travers sa société mère ByteDance. Comme à son habitude, il est passé par une holding pour le faire.

Bernard Arnault est également impliqué dans les médias, notamment en France. En effet, il possède Les Echos, Le Parisien, Investir et Radio Classique. Il est quelques fois accusé de vouloir contrôler la presse.

Que pouvons-nous apprendre du succès de Bernard Arnault ?

En somme, Bernard Arnault est un ingénieur sorti de Polytechnique qui aurait pu construire des bâtiments jusqu’à la fin de sa vie. Peut-être aurait-il eu le même succès, ou peut-être pas. Ce qui est sûr, il a choisi de s’attaquer à un secteur difficile, sans avoir jamais appris dans une école spécialisée. Pourtant, il est devenu l’homme le plus puissant de l’industrie du luxe. Il l’a dit lui-même, la discipline financière est à l’origine de ce succès.

En dehors de la discipline financière dont le géant se vante, il faut noter qu’il a fait des efforts pour trouver les meilleurs collaborateurs. Il n’a jamais hésité à faire venir des experts de l’autre bout du continent ou même du monde. Une stratégie d’entreprise qui a ainsi vraiment porté ses fruits.

La concurrence est un élément important dans son domaine et il le sait. A chaque fois qu’un concurrent sérieux est apparu, il a fait une solide proposition d’achat. Tiffany & Co. En est un exemple. Plutôt que d’aller de front, il préfère négocier et trouver un terrain d’entente. Enfin, bien qu’il ne soit pas à l’origine un expert du domaine, Arnault prend toujours le temps de bien connaitre ses produits. C’est la raison pour laquelle la fortume de Bernard Arnault ne cesse d’évoluer au cours des années.