La première semaine du procès très médiatisé de Sam Bankman-Fried, l’ex-PDG de la plateforme de crypto-monnaies FTX, vient de s’achever. Accusé d’une multitude de délits, allant de fraude en matière de valeurs mobilières au blanchiment d’argent, Bankman-Fried se trouve au cœur d’une affaire qui a ébranlé le monde de la finance numérique.

En dépit de la gravité des accusations et des nombreuses preuves visiblement détenues par les procureurs, il a constamment plaidé non coupable. Dans les semaines à venir, sa défense s’efforcera de démontrer son innocence face à cette avalanche d’accusations.

Le procès de SBF : Les arguments de l’accusation et de la défense

Dès le début du procès, les procureurs du ministère américain de la Justice (DOJ) ont présenté un tableau sombre du fondateur de FTX. S’appuyant sur des images évocatrices de Bankman-Fried côtoyant des figures puissantes du monde de la politique et des finances, l’accusation a tenté de montrer comment l’empire de FTX était construit sur des mensonges.

Le procureur Thane Rehn a été sans équivoque, affirmant que Bankman-Fried a volé des milliards de dollars à des milliers de personnes, l’accusant d’escroquerie envers des investisseurs avisés et des clients ordinaires pour s’acheter richesse, pouvoir et influence.

À l’opposé, la défense a tenté de redessiner l’image de Sam Bankman-Fried, le présentant comme un entrepreneur dépassé par les circonstances. L’avocat de la défense, Mark Cohen, a utilisé une analogie évocatrice pour illustrer la position précaire de son client qui arbore une nouvelle coupe de cheveux.

Il a ainsi affirmé :

Sam et ses collègues construisaient l’avion en même temps qu’ils le pilotaient.

Cohen a souligné les défis auxquels Bankman-Fried et son équipe ont fait face, notamment la gestion de FTX, la sécurisation contre les menaces de piratage, la gestion du risque de crédit et la coordination de centaines d’employés, suggérant ainsi que ces défis pourraient avoir entravé la capacité de Bankman-Fried à reconnaître ou à prévenir toute activité répréhensible.

Bilan des informations partagées lors des deux premiers jours du procès

Au cours des deux premiers jours du procès de SBF, plusieurs informations cruciales ont été mises en lumière. Les procureurs du ministère américain de la Justice ont clairement indiqué leur intention de récupérer une partie des biens de Bankman-Fried.

En particulier, deux jets de luxe, un Bombardier Global et un Embraer Legacy, sont dans le collimateur pour une éventuelle confiscation, bien que Sam Bankman-Fried n’ait apparemment jamais utilisé ces avions.

En réponse aux barrages de preuves présentés par les procureurs, la défense de SBF, perçue comme faible lors des premières journées du procès, a tenté d’axer sa ligne sur les actes de bonne foi de SBF. Ils ont suggéré que les erreurs commerciales, même si elles sont aussi graves que la perte de 8 milliards de dollars, ne doivent pas être catégorisées comme des crimes.

Le débat sur le manque de réglementation claire des crypto-monnaies a également été abordé. Cependant, le ministère de la Justice a affirmé que cela ne devrait pas influencer la procédure pénale contre SBF, un sentiment partagé par le juge Kaplan.

Un autre fait révélateur concerne Alameda Research : la société a épuisé presque les 170 millions de dollars qu’elle avait initialement levés. Si ses méthodes de trading à haute fréquence ont été largement critiquées, seule une stratégie d’arbitrage sur le Bitcoin entre les États-Unis et le Japon semblait la rendre pendant une courte période de temps rentable.

Selon les informations rapportées par l’auteur Michael Lewis dans son livre sur SBF, des pertes catastrophiques de plus de 500 000 $ par jour auraient été enregistrées lors d’un mois particulier à Alameda Research.

Pour couronner le tout, SBF se retrouve actuellement en litige avec son assureur, CNA, pour non-paiement des frais de justice liés à sa défense dans le cadre de la fraude présumée, soulignant ainsi l’ampleur croissante de ses problèmes juridiques.

Procès de SBF : Témoignage des anciens collaborateurs et amis de l’ex-PDG de FTX

Jeudi dernier, trois des anciens collaborateurs et amis de Sam Bankman-Fried (SBF) ont partagé des témoignages particulièrement accablants. Le premier, Matt Huang, cofondateur et associé directeur de la société d’investissement en crypto-monnaies Paradigm, a souligné l’importance des investissements de sa société dans FTX, avec un total de 278 millions de dollars en 2021 et 2022.

Toutefois, Huang est également en prise avec un recours collectif l’accusant, parmi d’autres, de fraude en promouvant FTX. Durant son témoignage, Huang a révélé n’avoir jamais été informé que FTX utilisait les fonds des clients pour soutenir Alameda Research. Selon lui, s’il avait eu connaissance de cette pratique, il n’aurait jamais choisi de s’associer à l’affaire.

Le second témoin, Adam Yedidia, un ex-développeur de FTX, a fourni des informations sur les raisons de sa démission en novembre 2022. Il a découvert un système préjudiciable envers les clients de FTX, système qui a ensuite été retiré du dossier. Le témoignage de Yedidia a mis en lumière l’existence d’un bug logiciel apparu en 2022, découlant des méthodes atypiques utilisées par FTX pour gérer les dépôts de ses clients.

Ce bug a engendré une surévaluation des actifs d’Alameda de 8 milliards de dollars. Selon Yedidia, les clients de FTX déposaient des fonds en virant directement de l’argent à Alameda, une procédure qui a complexifié le suivi des dettes dues par la société à ses clients.

Les rapports particuliers entre Alameda Research et FTX

En dehors des affirmations provenant des deux premiers témoins, un autre témoignage intéressait particulièrement toutes les parties au procès. Il s’agit du témoignage de Gary Wang, ami de longue date de Sam Bankman-Fried (SBF) et cofondateur de FTX.

Ce dernier n’a d’ailleurs pas déçu puisqu’il a livré un témoignage qui a fait l’effet d’une bombe lors du procès. Wang, qui a partagé les bancs d’école avec SBF, a plaidé coupable et s’est engagé à coopérer pleinement avec les autorités concernant l’enquête sur FTX. Son témoignage a mis l’accent sur les agissements d’Alameda Research, une société de trading fondée par SBF, et sur son lien étroit avec FTX.

Le point le plus choquant du témoignage de Wang concerne l’accès quasi illimité dont bénéficiait Alameda aux dépôts des clients de FTX. Cette permission lui permettait de retirer d’énormes sommes sans aucune restriction, et la société était même autorisée à conserver un solde négatif.

Wang a révélé qu’au moment de la chute de FTX, Alameda avait prélevé la somme astronomique de 8 milliards de dollars sur la plateforme d’échange. De plus, l’entreprise avait utilisé jusqu’à 65 milliards de dollars de sa ligne de crédit. Le niveau d’endettement d’Alameda était sans égal par rapport à d’autres acteurs sur FTX.

Aussi, Wang ne s’est pas arrêté là. Il a également accusé plusieurs dirigeants de FTX et d’Alameda, notamment Caroline Ellison et Nishad Singh, d’avoir délibérément commis diverses fraudes, dont des fraudes électroniques, des fraudes liées aux valeurs mobilières et des fraudes sur les matières premières. Ce témoignage, par sa gravité et la proximité de Wang avec SBF, est considéré comme le plus impactant de la semaine.

Procès de SBF : à quoi devons-nous nous attendre la semaine prochaine ?

La semaine prochaine s’annonce décisive pour le procès de Sam Bankman-Fried. Ce dernier pourrait d’ailleurs s’étendre sur une durée totale de six semaines. Bien que l’on ignore encore si SBF lui-même prendra la parole, les experts, semblent penser que son témoignage pourrait être risqué, voire contre-productif pour sa défense.

SBF est sous le feu des projecteurs, avec des médias comme le New York Times le décrivant comme l’emblème de tout ce qui est allé de travers dans le monde des crypto-monnaies. La semaine prochaine, le focus sera mis sur les témoignages de plusieurs de ses proches collaborateurs et amis, dont certains ont déjà plaidé coupable à diverses accusations et accepté de coopérer avec le gouvernement.

Après les révélations de Gary Wang, le prochain témoin à se présenter à la barre sera probablement Caroline Ellison, ancienne dirigeante d’Alameda Research et proche de SBF. Ellison, tout comme Wang, a plaidé coupable à plusieurs chefs d’accusation de fraude en décembre dernier. Avec l’ajout de Singh, la cohérence de leurs témoignages pourrait porter un coup dur à la défense de Bankman-Fried.


Ce qu’il faut retenir :

  • Début du procès de SBF prévu pour durer six semaines
  • Les anciens amis de Sam Bankman-Fried témoignant contre ce dernier
  • Le témoignage impactant de Wang sur la situation d’Alameda

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